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88 LA REVUE MUSICALE 184

Le 4ème acte se passe dans les profondeurs d’une caverne. L’enfant Sélénè y ouvre par curiosité le dernier des vases qu’y a caché la prudente Thia. Elle y trouve des bracelets et s’en pare. Tout le monde l’admire, mais une femme la jalouse et prie son amant de lui donner de tels joyaux. Il cherche dans l’urne fatale et y découvre un glaive et un diadème. Il se fait craindre de tous et ne tarde pas à égorger la pauvre Sélénè pour s’emparer de ses bijoux. L’âge de fer commence. Les forts se ruent sur les faibles et les massacrent. Le vol, la violence, le despotisme se donnent libre cours. Les Titans alors surgissent des entrailles de la terre et reprennent la lutte contre les dieux. A partir de ce moment l’intrigue languit et il fallait toute la magnificence du décor du V^ acte, représentant l’Empyrée, pour intéresser les spectateurs. A la fin, les Titans sont foudroyés et l’on assiste au triomphe de Jupiter.

L’idée principale des Titans : les malheurs qui découlent pour l’humanité de la possession de l’or est le sujet même de la Tétralogie de Richard Wagner et l’on peut se demander s’il n’avait pas au moins lu quelque description ou quelque scénario du ballet de Viganô lorsqu’il conçut son œuvre, si proche avec ses géants, son Walhalla, ses’guerriers primitifs, de la fantasmagorie mythologique et symbolique du chorégraphe milanais. Au témoignage des contemporains l’exécution de ce ballet fut très inégale, mais jamais Viganô ne réalisa un tableau plus idéalement beau, plus harmonieux, plus varié que celui de l’âge d’or. Quand le rideau se baissa après le premier acte, il n’y eut pas d’applaudissements mais une clameur prolongée d’admiration. Le troisième acte parut long. Le quatrième suscita de nouveau l’enthousiasme. Les dernières scènes ennuyèrent. Stendhal écrivait de Milan à de Mareste le 2 novembre 1819 : « Deux grands hommes, à savoir Monti et moi sommes fous des deux premiers actes. Le premier peint l’innocence. Au quatrième les malheurs qui sortent de l’urne de fer où il y a des bracelets, une épée et un diadème (notez ce dernier mot) sont du dernier grand en fait d’art. »

Ce que pouvait être un spectacle de ce genre, nous pouvons assez bien l’imaginer d’après les descriptions et les estampes, nous qui avons vu les ballets russes et qui sommes initiés aux ressources de la comédie