Page:Le Ballet au XIXe siècle, 1921.djvu/38

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PHÈDRE

Tu crois qu’elle n’est pas morte ?

ÉRYXIMAQUE

Regarde ce très petit sein qui ne demande qu’à vivre. Vois comme faiblement il palpite, suspendu au temps…

PHÈDRE

Je ne le vois que trop.

ÉRYXIMAQUE

L’oiseau bat un peu de l’aile, avant qu’il reprenne son vol.

SOCRATE

Elle semble assez heureuse.

PHÈDRE

Qu’a-t-elle dit ?

SOCRATE

Elle a dit quelque chose pour soi seule.

ÉRYXIMAQUE

Elle a dit : Que je suis bien !

PHÈDRE

Ce petit tas de membres et d’écharpes s’agite…

ÉRYXIMAQUE

Allons, petite enfant, rouvrons les yeux. Comment te sens-tu maintenant ?

ATHIKTÉ

Je ne sens rien. Je ne suis pas morte. Et pourtant, je ne suis pas vivante !

SOCRATE

D’où reviens-tu ?

ATHIKTÉ

Asile, asile, ô mon asile, ô Tourbillon ! — J’étais en toi, ô mouvement, en dehors de toutes les choses…


Paul Valéry.