Page:Le Ballet au XIXe siècle, 1921.djvu/68

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ans deux ou trois cents qui n’ont pas été réimprimées depuis. Dans leur totalité elles constitueraient la matière d’une vingtaine de volumes.

Ces feuilletons décèlent à un certain degré son don extraordinaire de conteur désinvolte, d’improvisateur sans pareils ; je ne lui connais point de rival pour savoir conter d’une manière claire, imagée et tangible, avec une exactitude relevée par l’ironie, ce qui se passe sur les planches, pour savoir transposer en mots évocateurs la vision totale du spectacle. Telles de ses critiques sur le ballet ont pour nous la valeur documentaire, le charme animé et précis de portraits peints avec toutes les délicatesses du modelé, toute la finesse harmonieuse du contour ; ces portraits rendent vivantes et inaltérables les figures quasi légendaires d’une Taglioni, d’une Carlotta.

« Ses pieds sont comme deux flèches d’acier rebondissant sur un pavé de marbre », écrit un jour Gautier en parlant de la Fuoco[1]. Ces quatorze mots ne suffisent-ils pas pour que le nom de la ballerine italienne à demi oubliée ne soit jamais effacé des annales de la danse ?

Il serait bien tentant de réduire en formules exactes, à l’appui de citations probantes, les idées de Théophile Gautier sur le ballet, de reconstituer l’esthétique théâtrale dont ressortent ses jugements. J’y renonce pour le moment, les théories de Gautier étant par trop paradoxales.

  1. La Fuoco est une des sept étoiles de la fameuse Pléiade des élèves de Blasis.