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malencontreux héritages. Le romantisme avec tout ce qu’il contient de faux et d’outré, sévit encore dans nos intelligences. Nous en sommes tous imprégnés. Et, bien que depuis le Parnasse Contemporain,toutes les écoles littéraires aient eu le prédominant désir de s’en affranchir, il corrompt et brûle le sang de notre race, charmant et perfide, comme le subtil et sûr poison que versait Lucrèce Borgia. L’emphase roturière de Ruy-Blas persiste, et la mortelle mélancolie de Rolla courbe de lassitude encore l’attitude des héros romanesques, anime les élégiaques propos de nos poètes.

Les nouveaux Classiques dont on se réclame volontiers, Baudelaire ou Gautier n’ont guère réussi qu’à égarer l’âme contemporaine vers un idéal d’apparences et d’exceptions.

Pour les Parnassiens, on sait que leur dernier et définitif avatar est M. Mallarmé, et que cette conception d’art qui enrichit notre littérature de plusieurs et purs poèmes marmoréens et sculpturaux, aboutit à des mosaïques de phrase, le plus souvent à des ornementations verbales et à de curieuses réalisations d’écriture. C’est grâce à leur rigoureuse et stricte technique,