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Page:Le Bon - Le Déséquilibre du monde, 1924.djvu/205

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assemblées ont l’âme incertaine des foules et se rangent d’instinct derrière le chef qui leur montre clairement le chemin.


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Les grandes questions à résoudre au sein des parlements ne peuvent être résolues qu’avec une majorité fortement groupée autour d’un homme d’État capable de la diriger et non avec ces majorités de hasard que la même semaine voit naître et disparaître.

Tous les autres moyens proposés, y compris l’édification de nouvelles Constitutions, représentent de vaines paroles. Les Anglais n’ont pas changé leur constitution depuis la reine Anne, et à vrai dire ils n’en ont jamais possédé une définitivement formulée.

C’est l’inaltérable foi mystique des peuples latins dans le pouvoir surnaturel des formules qui leur fait si souvent changer de constitutions. Ces changements restèrent toujours d’ailleurs sans effet.

Les institutions n’ont aucune vertu. Ce n’est pas avec elles qu’on refait les âmes. Un peuple ne saurait obtenir un gouvernement meilleur que lui-même. Aux âmes incertaines correspondront toujours des gouvernements incertains.

La plus dangereuse et malheureusement la plus irréductible des erreurs latines, est justement de croire que les sociétés peuvent se reconstruire avec des lois. C’est la généralité de cette erreur qui donne au socialisme sa principale force.

Quels que soient les ambitions et les rêves des politiciens, le monde marche en dehors d’eux et de plus en plus sans eux. Savants, artistes, industriels,