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Page:Le Bon - Le Déséquilibre du monde, 1924.djvu/99

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Existe-t-il un antagonisme réel entre les intérêts capitalistes et les intérêts collectifs ? Peut-on vraiment dire que, dans les sociétés actuelles, « le travail ne s’effectue pas au profit de tous, mais uniquement pour les intérêts de quelques-uns ? »

En réalité c’est, au contraire, l’immense majorité des travailleurs qui bénéficie de la capacité des élites. Il en a toujours été ainsi depuis les débuts de l’évolution industrielle moderne. Ce ne furent jamais les simples travailleurs qui créèrent les progrès dont ils ont profité.

Le travail manuel et l’habileté professionnelle ne sont nullement, d’ailleurs, les principaux éléments de la production et de la richesse. L’esprit d’entreprise, d’invention et d’organisation, la hardiesse à risquer et le jugement constituent des facteurs autrement importants.

C’est de telles facultés qu’est constitué le capital d’un peuple. Si la Russie tira toujours si peu de profits de son sol, malgré ses immenses richesses agricoles et minières et sa population également immense, c’est qu’elle a toujours manqué de capacités.

Croire que le capital d’un pays se compose surtout de mines, de terres, d’habitations, d’actions et de numéraire, est une dangereuse illusion. Ce capital reste sans valeur par lui-même. Un pays privé de ses capacités serait condamné à une ruine rapide.

Actuellement, en raison des grèves qui se multiplient et de la mauvaise volonté des ouvriers, notre capital est fort mal exploité. Chaque grève nouvelle rend le pays un peu plus pauvre, la vie un peu plus