Page:Le Bon - Lois psychologiques de l’évolution des peuples.djvu/47

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Domingue, d’une civilisation supérieure, cette civilisation est rapidement tombée dans une misérable décadence. Les croisements peuvent être un élément de progrès entre des races supérieures, assez voisines, telles que les Anglais et les Allemands de l’Amérique. Ils constituent toujours un élément de dégénérescence quand ces races, même supérieures, sont trop différentes.[1]

Croiser deux peuples, c’est changer du même coup aussi bien leur constitution physique que leur constitution mentale. Les croisements représentent d’ailleurs l’unique moyen de transformer d’une façon fondamentale le caractère d’un peuple, l’hérédité seule étant assez puissante pour lutter contre l’hérédité. Ils permettent de créer à la longue une race nouvelle possédant des caractères physiques et psychologiques nouveaux.

Les caractères ainsi créés restent au début très flottants et très faibles. Il faut toujours de longues accumulations héréditaires pour les fixer. Le premier effet des croisements entre races différentes est de détruire l’âme de ces races, c’est-à-dire cet ensemble d’idées et de sentiments communs qui font la force des peuples et sans lesquels il n’y a ni nation ni patrie. C’est la période critique de l’histoire des peuples, une période de début et de tâtonnements que tous ont dû traverser, car il n’est guère de nation européenne qui ne soit formée des débris d’autres peuples. Cette période pleine de luttes intestines et de vicissitudes, dure tant que les caractères psychologiques nouveaux ne sont pas encore fixés. D’après ce qui précède, les croisements doivent être considérés à la fois comme un élément fondamental de la formation de races nouvelles, et comme un puissant facteur de dissolution des races anciennes. C’est donc avec raison que tous les peuples arrivés à un haut degré de civilisation ont soigneusement évité de se mêler à des étrangers. Sans

  1. Tous les pays qui présentent un trop grand nombre de métis sont, pour cette seule raison, voués à une perpétuelle anarchie, à moins qu’ils ne soient dominés par une main de fer. Tel fut le cas du Mexique, tel sera sans doute celui du Brésil. Il ne compte qu’un tiers de blancs. Le reste de la population se compose de nègres et de mulâtres. Le célèbre Agassiz dit avec raison «qu’il suffit d’avoir été au Brésil pour ne pas pouvoir nier la décadence résultant des croisements qui ont eu lieu dans ce pays plus largement qu’ailleurs. Ces croisements effacent, dit-il, les meilleurs qualités, soit du blanc, soit du noir, soit de l’Indien, et produisent un type indescriptible dont l’énergie physique et mentale s’est affaiblie».