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tout ce qui touche aux intérêts généraux.

Le travail parlementaire se fait sans règle, sans ordre, sans sincérité. Les votes escamotés sont acquis. Le contrôle parlementaire est impossible. Les députes sont subordonnés aux ministres dont ils ont un besoin continuel pour assurer à leurs électeurs la justice qui, dans l’état de nos mœurs politiques, est devenue une faveur.

Le Parlement et le gouvernement réunis sont cahotés entre les exigences d’une démocratie chaque jour plus impérieuse et celles d’une oligarchie financière qui défend ses intérêts, et non ceux de l’État. Ainsi la vie politique n’est qu’un perpétuel compromis entre deux puissances de surenchère ou de corruption : la démagogie et l’argent.

La Chambre vote les lois au hasard des intérêts de l’heure. Quatre années m’ont enseigné qu’au Parlement les hommes de bonne volonté et de pensée droite s’épuisent en vains efforts.


L’usage de la surenchère a été une des causes principales d’antipathie croissante contre le Parlement, dont sont animés beaucoup de citoyens comme nous le montrerons bientôt. Examinons d’abord les méthodes gouvernementales qu’elle engendra.

L’habitude de la surenchère rend naturellement très obéissant devant les menaces. On cède par crainte de voir ses collègues céder. Or, ce n’est guère que dans la classe ouvrière, que se font entendre de bruyantes menaces. C’est donc pour elle surtout que le Parlement a légiféré, accumulant les lois sociales, sans s’occuper de leurs répercussions, et sans se douter qu’elles ne feraient qu’attiser des haines.

Ces terribles lois sociales ont en effet semé partout la discorde, grevé lourdement nos finances et gêné singulièrement notre industrie. Le directeur d’une de nos plus grandes compagnies de navigation maritime écrivait récemment qu’elles étaient une des causes de la triste décadence de notre marine marchande. Elles limitent graduellement l’avenir de nos entreprises industrielles en obligeant les patrons, entravés par des règlements tatillons, à supprimer de fait l’apprentissage, jetant ainsi sur le pavé des milliers d’enfants dont beaucoup sont devenus de dangereux criminels. L’assistance aux vieillards n’a guère servi qu’à allouer plus de 90 millions par an aux