Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/152

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est dangereux d’exaspérer en France le sentiment de justice.

Les hommes les plus éclairés ont fini par se former de la Chambre des députés une idée très sévère. On en peut juger par l’extrait suivant d’un manifeste du "comité républicain de la République proportionnelle". Il est signé des noms les plus connus de l’Institut, de la Sorbonne, de l’Industrie et du Barreau : messieurs A. Carnot, Bouchard, Croiset, Dastre, Painlevé, J. Harmand, Diehl, Fernand Faure, etc. Cet "et cætera" comprend une cinquantaine de noms, la plupart éminents. Au fond, ce manifeste signifie simplement que, par trop opprimée, l’élite finalement se révolte.

L’usage du scrutin d’arrondissement a perpétué des mœurs électorales et politiques intolérables. La candidature officielle, l’arbitraire dans les actes administratifs, l’arbitraire même dans l’application des lois, la faveur substituée à la justice, le désordre dans les services publics, le déficit dans les budgets où les intérêts privés et de clientèle prévalent sur l’intérêt général.

Il faut affranchir les députés de la servitude qui les oblige à satisfaire des appétits pour conserver des mandats. Il faut mettre plus de dignité et de moralité dans l’exercice du droit de suffrage, substituer la lutte des idées à la concurrence des personnes.


Comment, après avoir accumulé tant d’hostilité dans toutes les classes, le régime parlementaire peut-il encore subsister ?

Il dure, et probablement durera longtemps, grâce à cette raison tout à fait capitale d’être à peu près le seul gouvernement possible chez les peuples civilisés. C’est justement pourquoi tous l’ont adopté. Que le régime parlementaire ait à sa tête un souverain héréditaire, comme en Angleterre, en Belgique et en Italie, ou un chef élu comme en France et en Amérique, ce sont toujours des parlements qui légifèrent et des ministres qui gouvernent. Les derniers gouvernements autocratiques de l’Europe, la Russie et la Turquie, ont dû finir par accepter le parlementarisme, ne pouvant faire autrement.

Quand un régime est inévitable il faut l’accepter, mais tâcher de l’améliorer. On améliorera le régime parlementaire par un mode d’élection des députés leur donnant