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le syndicalisme dans l’Évolution économique du monde nous entraînerait au delà des limites possibles d’un chapitre. Voulant nous restreindre au point le plus intéressant, nous remarquerons simplement que le syndicalisme pourra peut-être, s’il réussit à se débarrasser des anarchistes, s’opposer utilement au développement du collectivisme, forme suprême de l’Étatisme, dans lequel nous nous enlisons chaque jour davantage et dont le terme ultime serait la misère dans l’égalité et la servitude.

Il ne faut pas oublier, en effet, et cesser de répéter, que le syndicalisme est l’ennemi irréductible du collectivisme. Associer les deux mots, c’est comme si on parlait de chrétiens musulmans ou de cléricaux libres penseurs.

Aux personnes ignorantes de cette divergence absolue de doctrines, que persistent à méconnaître les socialistes, je recommande la lecture d’un opuscule intéressant, dû à la plume d’un syndicaliste fervent, monsieur Edouard Berth. Il y démontre fort bien l’irréductible différence séparant le collectivisme, expression finale de l’Étatisme, du syndicalisme qui repousse de toutes ses forces l’intervention de l’État. L’auteur considère, non sans raison, que le développement du socialisme est une conséquence de la décadence bourgeoise. Il combat également l’anarchisme qui, explique-t-il judicieusement, "représente la résistance au progrès ou la dissolution du progrès". Quant au capitalisme si persécuté par les socialistes, les syndicalistes en comprennent parfaitement au contraire la puissance.

Le syndicalisme, dit monsieur Berth, considère le capitalisme comme un merveilleux magicien qui a su, grâce à l’audace combinée de l’initiative individuelle et de la coopération, faire sortir du travail social où elles dormaient l’infinité des forces productives humaines.

De plus en plus effacés devant leurs rivaux, les socialistes savent cependant aujourd’hui que le syndicalisme "travaille à déposséder le parti socialiste de ses électeurs ouvriers."

Ces rivalités nous présagent bien des combats. Ne les redoutons pas trop, puisqu’ils sont inévitables et que la nature n’a pas encore trouvé d’autre moyen de réaliser ses progrès. La lutte, elle est partout. Luttes entre les espèces animales, luttes entre les peuples, luttes entre les individus, luttes entre les sexes, luttes enfin entre les cellules mêmes de notre organisme. Et ces dernières, quoi-