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LIVRE V

Les erreurs de psychologie politique en matière de colonisation




CHAPITRE I

Nos principes de colonisation


Les luttes économiques entre l’Occident et l’Orient seront, sans doute, une des sérieuses préoccupations du XXe siècle et entraîneront, fatalement, plus de ruines et de sang versé que les guerres des temps passés.

Dans ce conflit de deux civilisations aux prises, les colonies sont appelées à jouer un rôle considérable. On ne conteste plus, aujourd’hui, l’intérêt que nous avons à conserver les nôtres. Nous ne saurions donc rester indifférents à ce qui les concerne.

L’administration des colonies fondées par les diverses nations européennes, repose sur quelques principes très précis. Ces principes, engendrés par l’expérience, et qui devraient, semble-t-il, être généraux, varient, au contraire, d’un peuple à l’autre.

D’un peuple à l’autre est peut-être trop dire, car, en ce qui touche les méthodes colonisatrices, on peut distinguer, parmi les puissances européennes, deux catégories. Dans la première, nous sommes, nous Français, à peu près isolés. La seconde comprend la plupart des autres nations. Ces divers pays fondent des colonies pour les garder et en tirer profit. Supérieurs à ces préoccupations mesquines, et n’oubliant pas que notre rôle est de porter aux divers peuples de la terre les bienfaits de la civilisation, nous prétendons les gouverner avec nos institutions et nos idées.

Institutions et idées sont malheureusement repoussées avec une complète unanimité. Convaincus de notre bon droit, nous persistons dans nos doctrines, et il en sera sans doute ainsi jusqu’à ce qu’une série suffisante de désastres nous ait solidement prouvé qu’en matière de colonisation, nos grands principes constituent, théoriquement