Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/264

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et comme je suis instruit et que je sais être bon sujet quand je veux, je serai, au bout d’un an ou deux, employé de l’administration. Dans dix ans, j’aurai une concession et je me referai une nouvelle vie, une vie peut-être plus heureuse que celle que j’aurais menée en France."

Le rôle de la peine de mort est tellement indiscutable que les rares pays, comme la Suisse, l’ayant supprimée, sont obligés d’y revenir. Dix cantons l’ont rétablie les uns après les autres.

En sa qualité de socialiste, monsieur Briand avait son siège établi, mais les chiffres étaient si clairs, les faits si concluants qu’il importait de se débarrasser au moins des premiers. Sa façon d’épiloguer a été peu probante, mais ingénieuse.

Les meurtres, souvent non prémédités, ont été séparés des assassinats qui le sont généralement. Bien entendu, la victime périt dans les deux cas et ce doit être une maigre consolation pour elle, lorsqu’on l’égorge, de succomber à un meurtre et non à un assassinat. Monsieur G. Berry montra l’absurdité de cette distinction en relatant les meurtres de passants par les voyous sans autre motif que le simple plaisir de tuer et répondit avec raison au ministre de la justice : "Un meurtre accompli dans certaines conditions vaut un assassinat."

Le ministre a simplement maintenu ses distinctions. Il eût mieux fait de se taire. Les applaudissements dont furent saluées les paroles de son adversaire le lui ont suffisamment démontré.


Essayons maintenant, nous élevant au-dessus de cette casuistique de théologiens, de voir le fond du problème et les mobiles secrets de tant de longs discours.

Le moteur inconscient de ces discussions a été la grosse question de la responsabilité qui a tant pesé sur la répression depuis 50 ans, mais que l’on peut considérer comme à peu près élucidée maintenant.

Responsabilité implique libre arbitre. Or, les savants et les philosophes ne croient guère aujourd’hui à ce libre arbitre. Donc, l’individu criminel ne serait pas responsable de ses actes.

Il ne l’est pas en effet, philosophiquement, mais l’est complètement au point de vue social, car, sous peine de périr, une société doit se défendre et n’a pas à se préoc-