Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/286

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Fier de son pouvoir croissant, certain d’être toujours obéi par des travailleurs asservis, un syndicat ouvrier international venait, par une grève générale, de déclarer une guerre sans merci à la société. Chacun sentit aussitôt que, sous peine de voir périr la patrie, la défense devenait urgente contre les prétentions de ces nouveaux barbares.

Sans doute, pouvait-on, malgré l’absurdité des exigences syndicales, céder, comme le fit en France un président du Conseil dans la première grève des postiers, mais cette pusillanimité ne fût parvenue qu’à reculer le danger et l’accentuer. C’était, en perspective, de nouvelles grèves générales, engendrant fatalement la destruction du commerce et de l’industrie et la substitution aux couches supérieures, créatrices de tous les progrès, d’éléments inférieurs. La nécessité de la résistance s’imposait, et sans rien demander à l’État, ne comptant que sur son initiative et son courage, la classe bourgeoise se substitua presque instantanément à la classe ouvrière.

Après trois mois de lutte, la formidable grève fut vaincue. Elle le fut malgré les efforts désespérés du syndicat pour réduire la société et l’asservir à son joug.

Par cette courageuse défense, la Suède rendit un immense service à la civilisation. Elle apprit aux classes dirigeantes, dont la résistance dans d’autres pays est si faible, comment on se protège.

En dévoilant à une foule d’humanitaires bornés de quels dangers le socialisme nous menace, cette grève eut une autre utilité incontestable. Un important journal suédois écrivait : "que son résultat le plus tangible a été de souder dans un bloc compact tous les éléments non socialistes, c’est-à-dire les cinq sixièmes du pays, tournés de toutes leurs énergies hostiles contre le danger socialiste."

La défense ne fut d’ailleurs possible que grâce à la cohésion admirable des syndicats patronaux, encore si peu coordonnés chez nous, et à la sympathie de l’opinion publique.

Elle fut favorisée aussi, parce que la plupart des bourgeois avaient reçu cette précieuse éducation manuelle qui apprend à se servir de ses mains, éducation leur permettant, lorsqu’ils habitent les campagnes un peu éloignées, d’entreprendre une foule de petits travaux urgents : limer, tourner, raboter, souder, forger, etc. Un tel enseignement devrait faire partie de toute éducation. Nous ne pourrions