Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/29

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« adressa, comme il convenait, une invocation émue à la déesse Raison ! »

Les facteurs psychologiques que nous venons d’indiquer présentent un caractère général les rendant applicables à tous les peuples. Or, il est visible que le socialisme prend, d’un pays à l’autre, des formes diverses. Certains éléments d’interprétation doivent donc s’ajouter encore aux précédents.

Nous trouverons tout d’abord le rôle de la race, c’est-à-dire des dispositions héréditaires des nations. Elles diffèrent profondément et c’est pourquoi le mot socialisme est une étiquette commune traduisant des aspirations très dissemblables. Comment pourraient-elles être de même nature chez des peuples d’instincts opposés, ceux des États-Unis, par exemple, comptant exclusivement sur leur énergie, leur initiative individuelle, et ceux dominés, comme les Latins, par l’irrésistible et perpétuel besoin de la protection d’un maître ?

En dehors des aptitudes de race, un autre facteur psychologique capital intervient encore : le passé. Il est évident que des peuples centralisés depuis des siècles sous la main d’un État réglementant les moindres détails de leur vie sociale, industrielle, commerciale et même religieuse, ne sauraient posséder les mêmes aspirations, les mêmes tendances, que de jeunes nations n’ayant derrière elles qu’un passé politique très court, incapable par conséquent, de peser lourdement sur elles.

Le collectivisme étatiste, qui nous enserre de plus en plus, fut pratiqué en réalité de tout temps par nos monarchies, et c’est pourquoi les peuples latins y reviennent facilement. Les minutieuses réglementations de Colbert formeraient un excellent chapitre d’un traité de socialisme étatiste.

L’État étant considéré aujourd’hui comme une divinité protectrice, tous les partis, toutes les classes, devaient naturellement lui demander d’intervenir dans leurs affaires et défendre leurs intérêts. Ce furent d’abord les industriels qui le prièrent de les protéger, afin de les enrichir, par des droits de douanes, des primes, des subventions, etc. On détruisait évidemment ainsi la concurrence, mais en paralysant du même coup toute initiative et, par conséquent, tout progrès.

Devenues puissantes par le nombre, les classes ouvriè-