Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/299

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par des voisins avides d’encaisser des milliards et de supprimer la concurrence des vaincus.

Ces fâcheuses réalités sont fondées sur des passions que les rêveries humanitaires ne sauraient enrayer. Elles ont jusqu’ici gouverné le monde et sans doute le gouverneront toujours.

Les tendances pessimistes et fatalistes, dont nous venons d’indiquer les symptômes, ne se rencontrent pas seulement dans les discours académiques. Elles envahissent de plus en plus notre enseignement universitaire.

Les professeurs qui ne sont pas des résignés deviennent bientôt des révoltés. Beaucoup se mettent aujourd’hui à la tête du socialisme révolutionnaire.

La lecture de leurs œuvres montrent quel mélange d’humanitarisme, de religiosité et d’envie sature leurs âmes. Les écrits récents d’un professeur au Collège de France sont typiques à ce point de vue. Dans son livre, Paroles d’avenir, écrit en style apocalyptique, nous apprenons que la liberté de l’ouvrier consiste à "crever dans un fossé comme un chien ou dans un lit d’hôpital comme un gueux qu’il est. Il a la liberté de mourir de faim et de misère."

Quant aux riches, l’auteur révèle à ses lecteurs qu’ils n’ont guère d’autres occupations que "des orgies stupides et immondes". On doit les dépouiller de leurs richesses. "Délivrer ces bons à rien des tares et des misères morales qu’engendre l’extrême opulence serait leur rendre un signalé service."

C’est, on le voit, dans les temples de la science pure que grandissent aujourd’hui les futurs Marat.

Des élucubrations aussi haineuses sont assurément trop dépourvues de style, de pensée et de vérité, pour exercer quelque influence sur des esprits éclairés. Mais n’oublions pas que leurs auteurs sont les guides de la jeunesse. Quelle génération sortira des mains de pareils maîtres ?

La résignation fataliste d’une part, la révolte envieuse de l’autre, semblent devenir chaque jour davantage les dominantes des éducateurs latins.

L’influence de l’esprit révolutionnaire n’amène que des violences éphémères, celle du fatalisme est plus durable et pour cette raison plus dangereuse. Le fatalisme est la religion des faibles, incapables d’effort. Appuyé en apparence sur des bases scientifiques, il semble un monstre