Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/318

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toute son indulgence à des forbans, que leur or protège. Les gouvernements obéissant aux pires sectaires, ne protègent plus les citoyens contre les violences, et ne manifestent d’énergie que pour dépouiller et persécuter de vieux moines sans défense.

C’est toute une civilisation qui s’écroule, un passé glorieux qui s’éteint. Des phénomènes du même ordre se manifestèrent à la fin du Directoire après dix ans d’anarchie. Sans doute, la rude main d’un despote suffit alors à rétablir l’ordre, mais à quel prix ! Pouvons-nous, en vérité recommencer des expériences semblables ?

Où donc chercher un frein ? Vers qui se retourner ? Vers nous-mêmes seulement, je le répète et non vers les gouvernants, moins encore vers les législateurs.

Que pourraient d’ailleurs ces gouvernants et ces législateurs sans liberté, sans dignité et sans force ? Ils ne songent qu’à obéir aux exigences de comités dont ils sont les esclaves.

Monsieur Raymond Poincaré montrait récemment que le député, parfois si altier devant le Parlement, n’était qu’un modeste courtier d’arrondissement "ne faisant pas un pas sans entendre le bruit des anneaux qui lui rappellent son esclavage" et prêt "à agenouiller les plus fiers desseins, devant ces divinités mystérieuses et redoutables, qui s’appellent les comités d’arrondissement."

Le législateur, tel qu’il est élu aujourd’hui, constitue un véritable danger social parce que, dépourvu de caractère et ne songeant qu’à sa réélection, il obéit aux plus bas instincts de la multitude.


Il serait inutile de se le dissimuler. La plèbe seule aujourd’hui nous gouverne. Or, ignorante de ses propres intérêts et rongée par l’envie, elle rêve uniquement de s’emparer des richesses conquises par l’intelligence, et de supprimer toutes les supériorités. Elle en arrive à exiger la confiscation brutale des fortunes, sans lesquelles aucune industrie ne saurait prospérer. Impôt inquisitorial sur le revenu, confiscation du quart des successions, etc. C’est vers la ruine complète de nos finances que, sous son impulsion, nous marchons à grands pas. L’histoire sera justement sévère pour les esclaves qui suivent de pareils maîtres, sans jamais chercher à les éclairer.

Les humbles serviteurs du gouvernement populaire