Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/67

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obligés de demander à Paris une permission pour les moindres actes : construction d’un marché, édification d’une fontaine, etc.

C’est, observe justement le même écrivain, la tradition des rois absolus faisant gouverner leurs provinces par des intendants, prédécesseurs de nos préfets.

Inutile de regarder longuement autour de soi pour constater que l’absolutisme de l’État rappelle celui de l’ancienne Monarchie, mais considérablement aggravé. Il est aggravé parce que le législateur moderne, sentant son rôle éphémère, ne se préoccupe nullement des conséquences de lois édictées sous la pression quotidienne des fantaisies populaires. Le décret à voter, c’est quelque chose d’immédiat, satisfaisant en apparence les intérêts du moment. Les incidences restant éloignées ne s’apercevront que plus tard. Esaü s’illustra jadis en enseignant aux âmes simples qu’un plat de lentilles présent vaut mieux qu’un droit d’aînesse lointain. Les législateurs de race latine suivent fidèlement l’exemple d’Esaü.

Si tardives cependant que soient les conséquences des lois inconsidérément votées, elles éclatent toujours avec la fatalité de l’obus explosant à la limite de sa trajectoire.

Oscillant sans cesse, légiférant au hasard, persécutant des catégories entières de citoyens, l’État a fini par devenir tellement insupportable et onéreux, que des foules d’opprimés chaque jour plus nombreuses se dressent maintenant contre lui. Il viole les croyances, moleste les intérêts, vole les épargnants, berne le peuple d’irréalisables chimères et ne se maintient qu’au moyen de rivalités créées ou entretenues par ses soins. Son pouvoir, immense en apparence, mais que n’oriente aucun idéal, est à la merci de tous les hasards.

Le développement de l’Étatisme ne s’accompagne pas seulement de tyrannies oppressives, il engendre aussi la désorganisation des services dont l’État se charge progressivement.


Les généralités psychologiques qui précèdent vont nous permettre d’éclairer des faits récents, inexplicables lorsqu’ils demeurent détachés de leurs racines. Tels, les scandales de l’Imprimerie Nationale et la décadence de notre marine. Les commissions d’enquête qui les ont révélés cherchent encore vainement leurs causes. Le philosophe