Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/7

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tant de peuples surgis brusquement du néant, et remplissant le monde du bruit de leur grandeur ? Pourquoi ont-ils sombré ensuite dans un oubli si profond que pendant des siècles tout fut ignoré d’eux ? Comment naissent, évoluent et meurent les dieux, les institutions, les langues et les arts ? Conditionnent-ils les sociétés humaines, ou sont-ils au contraire conditionnés par elles ? Pourquoi certaines croyances comme l’Islamisme purent-elles s’édifier presque instantanément alors que d’autres mirent des siècles à s’établir ? Pourquoi le même Islamisme survécut-il à la puissance politique qui lui servait de support et s’étend-il toujours alors que d’autres religions comme le christianisme et le bouddhisme semblent décliner et côtoyer leur fin ?

À tous ces « pourquoi » et à bien d’autres, les réponses ne manquèrent jamais. Nous ressemblons à l’enfant auquel il en faut toujours. Mais les explications dont pouvait se contenter une science très jeune, sa maturité ne les accepte plus.


L’âge est passé où les dieux conduisaient l’histoire. La providence bienveillante qui guidait nos pas incertains et réparait nos erreurs, s’est évanouie sans retour. Abandonné à lui-même, l’homme doit s’orienter seul dans l’effrayant chaos des forces ignorées qui l’étreignent. Elles le dominent encore, mais il apprend chaque jour à les dominer à son tour. C’est cette domination sans cesse plus accentuée sur la nature que désigne le mot progrès.

Maîtriser la nature ne suffit pas. Vivant en société, l’homme doit apprendre à se maîtriser lui-même et subir des lois communes. C’est aux chefs placés à la tête des nations qu’incombent la tâche d’édicter ces lois et de les faire respecter.

La connaissance des moyens permettant de gouverner utilement les peuples, c’est-à-dire la psychologie politique a toujours constitué un difficile problème. Il l’est bien davantage aujourd’hui où des nécessités économiques nouvelles, nées des progrès scientifiques et industriels, pèsent lourdement sur les peuples et échappent à l’action de leurs gouvernements.

La psychologie politique participe de l’incertitude des sciences sociales indiquée plus haut. Il faut bien cependant l’utiliser telle qu’elle est, car les événements nous