Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/70

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"Chacun s’en fiche". Telle est la vraie formule de l’administration Étatiste. Une pareille devise serait impossible dans l’industrie privée, car la faillite atteindrait vite le patron insoucieux et ne surveillant pas.

Le gâchis représentant une conséquence nécessaire de l’esprit Étatiste est universel. Aux colonies où la surveillance est nulle, il touche à l’invraisemblance. Monsieur Messimy, dans son rapport, en a donné de tristes exemples. Les abus des fonctionnaires y sont sans bornes et nous ont partout aliéné les populations, considérées par eux comme taillables et corvéables à merci. Où passe l’argent extorqué en Indo-Chine par des nuées d’agents, au moyen des plus odieuses tyrannies ? À des dépenses somptuaires totalement inutiles. Un journal a résumé de la façon suivante quelques pages du rapport de monsieur Messimy sur ce sujet :

Les budgets sont abandonnés aux fantaisies individuelles. Aussi plus d’un projet extravagant s’est-il vu doter de larges crédits, et les indemnités de toutes sortes au personnel et les dépenses purement somptuaires pour les administrateurs pullullent-elles. Beaucoup ont des automobiles. La plupart ont 5 ou 6 attelages. Et sur les 16.000 hommes de la garde indigène, une partie est uniquement occupée à faire un service de domestiques. Monsieur Messimy cite un inspecteur de cette garde qui en détourne à lui seul 19 de leur emploi. Il se procure ainsi, sans bourse délier, cuisiniers, cochers, jardiniers, deux blanchisseurs pour madame, etc. On peut juger par là ce que ce peut être chez l’administrateur lui-même.

Au milieu de ces gaspillages et de ce luxe, notre personnel administratif a pris des habitudes de mollesse et d’indolence. Et même l’unanimité des témoignages est telle sur ce point qu’il faut bien, comme le laisse entendre monsieur Messimy, reconnaître que tous ses membres ne sont plus à l’abri du soupçon d’improbité. Son incapacité s’est trahie par des faits étranges qui seraient bouffons, s’ils n’étaient si tristes.

Le même journal ajoutait non sans quelque naïveté :

"L’usage des pots-de-vin qui double le poids des impôts directs disparaîtrait si l’on en établissait l’assiette d’une manière rationnelle et équitable."

Je doute fort de la puissance attribuée à des règlements. Ce n’est certes pas eux qui pourront remédier à un