Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/74

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Pour atténuer une situation, d’où résulte la désorganisation dont nous avons cité de si lamentables exemples, la conduite à tenir est diamétralement l’opposée de celle qu’on propose. Gardons-nous de voter un statut qui transformerait les fonctionnaires en personnages inamovibles, se gouvernant eux-mêmes, et sur lesquels les ministres et la Chambre demeureraient sans action.

Afin de rester maître de ses agents, l’État-patron n’a qu’à imiter les chefs d’industries privées. Voit-on un grand magasin ou une grande usine accorder un statut à ses employés ? Ce sont des auxiliaires, gardés soigneusement s’ils sont capables et congédiés dès qu’ils font preuve d’incapacité. Que l’État agisse de même, acceptant seulement des auxiliaires sans leur constituer aucun engagement. Ils seront exactement alors dans la situation des auxiliaires dont le ministère des finances emploie souvent un millier.

C’est uniquement en faveur des services techniques, ingénieurs, télégraphistes, etc., que l’État pourrait établir un contrat de quelques années, dix ans au plus.

J’entends votre objection, ne la formulez pas. Si l’État n’offrait à ses employés aucune stabilité, il n’en trouverait plus, ou n’en trouverait que de médiocres.

Rassurez-vous. Votre supposition se réaliserait-elle, ce serait tant mieux. Les jeunes gens intelligents se tourneraient alors vers l’industrie ou le commerce et un grand bénéfice en résulterait pour le pays.

Malheureusement cet exode est tout à fait improbable. Les candidats seraient presque aussi nombreux qu’aujourd’hui. Les auxiliaires du ministère des finances cités plus haut ne gagnent pas plus de 5 à 6 francs par jour, et cependant on compte 50 candidats, bacheliers ou licenciés, pour une place vacante.

Je n’insiste pas sur cette réforme, elle est trop capitale pour réunir beaucoup de suffrages. Un moment viendra cependant où la nécessité l’imposera, mais sera-t-elle encore possible ?


L’Étatisme et son incarnation, le collectivisme, nous ont conduits à cet état d’esclavage mental où l’homme ne garde même plus conscience de son asservissement.

La tyrannie de l’État se fait pourtant tellement oppressive et coûteuse qu’elle ligue contre lui une coalition d’intérêts profondément lésés. On commence à comprendre