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Toutes les grandes guerres de l’humanité : guerres de conquête, de dynastie, de religion, de propagande, n’ont été le plus souvent que des guerres de races. Le conflit entre les Perses et les Assyriens, qui pour la première fois fit passer l’empire du monde des Sémites aux Aryens, fut une guerre de races. Guerre de race également la lutte entre les Grecs et les Asiatiques, entre les Romains et les Barbares, les Japonais et les Russes. Guerres de races encore les luttes religieuses du Moyen-Âge. Qu’étaient en effet ces dernières, sinon une lutte de races défendant l’individualisme et la liberté de penser, contre celles qui réclamaient l’autocratie politique et religieuse avec ses dépendances

principe d’autorité, tradition et formalisme latins.

Considérer ces guerres comme résultantes uniquement de rivalités entre souverains serait avoir une vue bien superficielle de l’histoire. Ils n’ont jamais duré longtemps, les rois qui n’incarnaient pas l’idéal de leur peuple, ses passions et ses rêves.


Devons-nous espérer que les progrès de la civilisation et la fréquence des rapports unissant les peuples, puissent atténuer les antipathies d’origine psychologique qui divisent les races ? Des faits positifs permettent de répondre.

À l’époque récente encore où les communications étaient rares, difficiles et la connaissance des langues étrangères peu répandue, les différences psychologiques diversifiant les races demeuraient presque invisibles, masquées par le vernis superficiel d’une civilisation analogue dans les couches éclairées de l’Europe.

Aujourd’hui la facilité des communications et l’enchevêtrement des intérêts commerciaux établissant entre les peuples des rapports constants, leurs différences de constitution mentale et le désaccord qu’elles engendrent sur la plupart des questions, éclatent chaque jour. Entre individus de races différentes, l’accord n’est possible sur aucun sujet, tous étant envisagés à des points de vue différents. Les rapports prolongés entre eux accentuent simplement leurs dissentiments.

Donc, tandis que les intérêts des peuples les rapprochent, leur âme les sépare. Au lieu d’avancer vers une fraternité plus grande, ils marchent vers une antipathie chaque jour plus sensible.

Elle a de nombreuses conséquences politiques et so-