Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/79

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rante des étrangers est un infaillible dissolvant de l’existence des États. Elle ôte à un peuple ce qu’il a de plus précieux : son âme. Quand les étrangers devinrent nombreux dans l’empire romain, il cessa d’être. Supposez une nation comme la nôtre, où la population décline, entourée de pays où la population s’accroit constamment. L’immigration de ces peuples étrangers, si on la tolère, est fatale. Pas de régime militaire à subir, peu ou pas d’impôts, un travail plus facile et mieux rétribué que sur leur territoire natal. L’hésitation pour eux est d’autant moins possible que le choix entre divers pays ne leur est pas loisible, tous les autres les repoussant. L’invasion des foules étrangères devient, dans ce cas, très redoutable puisque ce sont, naturellement, les éléments inférieurs, incapables de se suffire à eux-mêmes chez eux, qui émigrent. Nos principes humanitaires nous condamnent à subir une invasion croissante d’étrangers. D’après la quantité d’émigrés qu’elle contient, Marseille pourrait être qualifiée de colonie italienne. L’Italie ne possède même aucune colonie renfermant un pareil nombre d’Italiens. Si ces invasions ne sont pas enrayées, en peu de temps, un tiers de la population française sera devenu italien et un tiers africain.

Que peut être l’unité d’un peuple ou simplement son existence, dans des conditions semblables ?

Les pires hécatombes des champs de bataille seraient infiniment préférables à de telle invasions.

C’est un instinct très sûr qui enseignait aux anciens la crainte des étrangers. Ils savaient bien que la valeur d’un pays ne se mesure pas au nombre de ses habitants, mais à celui de ses citoyens.


Des lignes précédentes nous conclurons que les progrès de la civilisation sont impuissants à diminuer les chances de lutte entre les peuples. Ils les diminueront d’autant moins, qu’aux causes psychologiques de dissentiment, décrites plus haut, la civilisation vient ajouter des motifs d’ordre économique que nous aurons à examiner bientôt.

Les philosophes et les philanthropes auront donc certainement à gémir pendant longtemps encore sur les calamités déchaînées par les guerres. On peut d’ailleurs les consoler en leur montrant qu’une paix universelle accordée par quelque puissance magique marquerait la fin immédiate de toute civilisation et de tout progrès, le retour