Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/95

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dont le jugement scientifique s’est exercé sur des réalités, procède d’une façon très différente.

Dans une série d’observations, il s’astreindra à ne faire varier à la fois qu’une des conditions de l’expérience : un jour le mode de soufflage, un autre la nature du charbon ou enfin la quantité d’eau envoyée au cendrier. Ces tentatives méthodiques lui permettront de juger dans chaque cas des résultats de telle ou telle modification et le conduiront peu à peu à obtenir une marche normale de son gazogène. Le temps perdu sera minime et la dépense insignifiante.


Chaque période de l’histoire des peuples réclame une éducation nouvelle, parce que le milieu change et que naissent de nouvelles nécessités. Le tort de la nôtre est de n’avoir pas su évoluer.

L’éducation française, écrivait récemment un ancien ministre, monsieur Hanotaux, est purement livresque. Nos jeunes hommes sont traînés jusqu’à 25 ans sur les bancs des écoles où tandis que leurs culottes s’usent, leur esprit s’amincit. Ils n’apprennent plus rien à la fin qu’à répéter des leçons verbales et formelles qui les rendent remarquablement inaptes à la vie. L’existence de notre élite tourne ainsi à un remuement de paperasses indifférentes ou au repolissage sempiternel de formules déjà usées. Cette ignorance, ce dédain des réalités, cette fausse appréciation des valeurs sociales est la base de notre éducation moderne : elle contamine la plupart de nos professions libérales.

Certains principes formulés en quelques lignes ont parfois des conséquences dont l’exposé demanderait un volume. Les principes psychologiques si erronés qui servent de base à notre enseignement supérieur[1], secondaire et

  1. Les mêmes méthodes mnémoniques font la base de tout enseignement universitaire, de l’école primaire aux facultés de médecine. Le Matin du 18 mars 1910 a publié le manifeste suivant signé d’un grand nombre de médecins à propos du concours d’agrégation.

    "Ce que nous demandons, disent-ils, parce que cela est notre intérêt en même temps que l’intérêt public, c’est un enseignement pratique et technique. Quand dans nos différents congrés médicaux, à Paris et à Lille, nous réclamons cette réforme, on néglige de nous répondre. Le concours d’agrégation est éminemment injuste. On ne peut juger un candidat sur une composition écrite. Les épreuves de ce concours sont toutes théoriques. Les épreuves pratiques qui seules devraient compter, n’existent pas."