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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/143

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AU PAYS DES PARDONS

lots ivres, de « cols-bleus » venus au pardon en bordée, et qui, se tenant par le bras, dansent devant une espèce de gourbi en toile une ronde tumultueuse :

Entre Brest et Lorient,
Leste, leste.
Entre Brest et Lorient,
Lestement.

les gabiers de la misaine
Sont des filles de quinze ans…

Entre Brest et Lorient
Leste, leste…

Très leste, en effet, cette chanson de gaillard d’arrière, — un peu inattendue aussi, en ces parages dévotieux qui invitent à la discrétion et au silence. J’en fais la remarque à mon compagnon, pensant que des gauloiseries qui me semblent, à moi, inopportunes lui causent une impression plus pénible encore et où sa foi même est intéressée. Mais il n’en paraît nullement scandalisé, bien au contraire et c’est lui, le croyant, qui me donne une leçon de tolérance :