Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
129
RUMENGOL, LE PARDON DES CHANTEURS

comme au contact d’une personne surnaturelle. Au bout d’un instant il reprit :

« — Je vous donnerais bien, en guise de remercîment, cette émeraude qui me vient d’elle, mais elle ne vous porterait pas bonheur. D’ailleurs la bénédiction de Notre-Dame de Tout-Remède est sur vous : cela vaut mieux que tous les diamants. »

Puis, s’arrêtant auprès d’une brèche :

« — Ma route maintenant est par ici. Que l’ange des voyages paisibles vous accompagne ! »

Elle le vit disparaître dans les guérets, en sanglotant, et au même moment, par-delà les côteaux embrumés, il se fit une grande déchirure blanche dans la direction de la mer. Elle serra vivement les paupières et se signa par trois fois, pour écarter d’elle et des siens l’influence de Mary Morgane. Quand, de retour au logis, elle eut narré à ses parents cet épisode de son pèlerinage, les anciens de la famille gardèrent quelque temps un silence embarrassé puis, l’un d’eux murmura :

« — Nous allons réciter, avant de commencer