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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/180

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RUMENGOL, LE PARDON DES CHANTEURS

ô Gralon. Ce qui est doit être. Mais écoute. Je ferai naître une race de chanteurs qui chanteront à voix aussi douce que la sirène et, par les mêmes armes, combattront ses maléfices. J’unirai en eux le don des beaux rhythmes au culte des pieuses pensées. Où Ahès aura passé, semant le deuil et l’épouvante, ils passeront, semant l’espérance et le réconfort. Ils berceront les douleurs qu’elle aura causées, rendront la paix aux âmes qu’elle aura remplies de consternation. Et, de même que je suis la Vierge de Tout-Remède, il seront les guérisseurs de tout souci. Le mois de mai, qui est mon mois, les verra chaque année accourir à mon pardon de Rumengol. Là coulera pour eux, d’une onde intarissable, la source des sônes et des gwerz ; et de là ils se répandront, pour célébrer à travers le monde la force des hommes d’Armorique, la grâce de leurs filles, les exploits de leurs ancêtres, et ta propre destinée, ô Gralon ! Guérets et landes, aires des fermes et places des villages retentiront de leurs accents infatigables. Et l’on dira d’eux, du plus loin qu’on les apercevra : Voici venir les rossignols de la Vierge ! »