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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/220

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LA TROMÉNIE DE SAINT RONAN

impénétrable qui flottait en cercle autour d’elle, mais une lumière paisible, toujours égale, en éclairait l’intérieur. Là voletaient, sous la forme de grands oiseaux blancs, les âmes prédestinées des saints ; de là elles partaient, au premier signal, pour aller évangéliser le monde. Je me suis laissé dire qu’elles étaient primitivement au nombre de onze cent mille. Quand l’heure du départ eut sonné pour la onze cent millième, les câbles de diamant se rompirent et l’île remonta au ciel avec la légèreté d’un nuage ».

En ces temps-là, on pêchait la morue au large des côtes bretonnes, et il n’était pas rare que l’on séjournât des semaines entières sur les lieux de pêche. Une nuit que les hommes dormaient, étendus au fond des barques, il se fit dans la mer un grand remous. Le matelot de quart éveilla ses compagnons. « Voyez donc ! » dit-il. Ils virent une chose étrange. Un rocher s’avançait, fendant les eaux et traînant derrière lui un long sillage harmonieux, comme si les vagues, à son contact, eussent vibré. II était fleuri de goëmons d’une espèce inconnue qui dégageaient, un parfum