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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/229

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AU PAYS DES PARDONS

« — De deux choses l’une, » conclut-il : « ou bien Ronan n’a pas la puissance néfaste que vous lui attribuez et alors pourquoi violer, en le massacrant, les lois divines et humaines ? — ou bien il la possède en réalité, et, dans ce cas, que peuvent contre lui vos misérables embûches ? s’il est l’enchanteur que vous dites, il n’a rien à craindre de vos rancunes, tandis que vous, si vous l’irritez, vous avez tout à craindre de sa colère. »

Cette argumentation refroidit le zèle des plus ardents.

« — À votre place, » continua le maître de Kernévez, « Je délèguerais vers lui quelqu’un pour lui soumettre nos doléances. Entre nous soit dit, je ne le crois pas aussi méchant que vos imaginations vous le représentent. Il m’est arrivé quelquefois de le suivre à distance, dans ses tournées du matin. Savez-vous à quoi je l’ai toujours vu occupé ? À délivrer les mouches de ces trames légères que les araignées de nuit tissent dans les ajoncs !… Un esprit démoniaque n’a point de ces sollicitudes. »