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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/245

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AU PAYS DES PARDONS

commerce direct avec les hommes, si même il ne se montra pas encore plus secret ; de sorte que la vénération qu’il inspirait resta mêlée de quelque crainte. On le suivait du regard, de loin, dans sa promenade quotidienne, mais on n’aurait jamais eu la hardiesse de l’aborder. Quand on s’adressait à lui, c’était par l’intermédiaire du maître de Kernévez, la seule créature humaine qu’il accueillît sans répugnance et dont il écoutât volontiers les propos. Saint Corentin vint un jour lui faire visite à son oratoire, dans le dessein, à ce que l’on prétend, de se démettre en sa faveur de son épiscopat de Quimper ; il trouva la porte fermée par une simple toile d’araignée, voulut passer au travers et ne put réussir à rompre la trame ; il comprit que Ronan refusait de le recevoir et rebroussa chemin, non sans dépit.

C’est au printemps, la veille du vendredi saint, que mourut le thaumaturge de la montagne. Sitôt qu’il eut rendu l’âme, de grands nuages aux formes bizarres et tourmentées accoururent de tous les points de l’horizon et se rassemblèrent autour de