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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/250

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LA TROMÉNIE DE SAINT RONAN

une chose extraordinaire. Dans l’espace d’une nuit, le cadavre se pétrifia, ne fit plus qu’un avec la table du chariot transformée en dalle funéraire, et apparut comme une image éternelle sculptée dans le granit d’un tombeau. Les arbres d’alentour étaient eux-mêmes devenus de pierre ; ils s’élançaient maintenant avec une sveltesse de piliers, entrecroisaient là-haut en guise de voûte les nervures hardies de leurs branches. Tel fut, d’après la légende, le premier schème de l’église de Locronan et du cénotaphe qui s’y voit encore, dans la chapelle du Pénity.


II


Si jamais vous visitez Locronan, faites en sorte d’y arriver par la « vieille côte. » La montée, au début, n’est pas engageante ; c’est moins un chemin qu’une ravine, que le lit desséché d’un torrent. Mais, à mesure que l’on approche de la crête, la route s’aplanit, se dilate, retrouve sa noble aisance d’ancienne voie royale. Borné encore, vers l’occident, par un dernier renflement des terres,