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pas le passé. Déplorons l’erreur des jeunes hommes dont je viens de vous conter l’histoire, et ne les imitez pas. Au fond, le désintéressement de la plupart d’entre eux n’était, je crois bien, que de surface. Leur succès personnel et celui de leurs poèmes leur importait, j’en ai peur, plus que le sort du peuple pour qui ils chantaient. En tout cas, c’est une singulière façon de ranimer une race que de la vouloir replonger plus profondément aux eaux du Léthé millénaire d’où elle vient à peine d’émerger.

Loin de hâter l’avenir de la Bretagne, la tentative de ces jeunes hommes, qui aurait pu être si salutaire, n’aura servi qu’à le retarder. Jeunes camarades, cet avenir se fera sans eux ; et, s’ils aiment vraiment leur pays, tout en l’aimant mal, ce sera leur châtiment.

Vous vous présentez aujourd’hui pour être les bons ouvriers de la tâche qu’ils n’ont pas pu ou qu’ils n’ont pas su accomplir.

Pour cela, qu’avez-vous à faire ?