Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/155

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de stupeur. Mais avec de bonnes paroles le recteur la réconforta.

— Marie, lui dit-il, racontez-moi ce qui s'est passé.

Elle raconta tout, point par point, sans omettre un détail. Le récit terminé, le recteur prononça tristement :

— Venez, Marie. Celui qui vous a dépouillée de votre bague de noces n'a pas du l'emporter bien loin.

Ce disant, il franchissait la balustrade du chœur et gravissait les marches de l'autel. Il souleva la nappe. L'alliance était sur la pierre sacrée.

— Emportez-la, dit-il, en la rendant à la jeune femme, et rentrez chez vous. Vous avez beaucoup aimé, vous aurez beaucoup à pleurer.

Quinze jours après, Marie Cornic apprenait qu'elle était veuve. Le navire que commandait son mari avait sombré, en vue des côtes d'Angleterre, la nuit où elle assistait à la messe étrange, et a l'heure même où le « chasse-gueux des morts » la contraignait à quitter sa bague.

(Conté par Jeanne-Marie Bénard, femme d'un douanier et originaire de Bréliat. — Port-Blanc en Penvénan, [Côtes-du-Nord].) .'


CHAPITRE II

Avant la mort.

Pratiques de divination pour savoir quand on mourra

Un moyen de connaître approximativement dans quel délai on doit mourir consiste à poser sur l'eau de certaines sources sacrées une croix faite de deux ramilles de saule. Si la croix flotte, la mort ne tardera guère ; si, au contraire, la croix s'enfonce, le terme est encore assez éloigné : il le sera d'autant plus qu'elle aura coulé plus vite*.

(Communiqué par F. Le Roux. — Rosporden.)

i. Quelquefois, et selon les sources, la croyance veut que l'on soit d'autant plus menacé que la croix s'enfonce plus rapidement. C'est le cas pour la fontaine de Saint-Léger, en Quiœerc'h, où