Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/162

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que je profite de ce qu'elle contient, pensa MarieJeanne Thos.

Et, ramassant à poignées les pièces étalées devant elle, elle en remplit son tablier. Rentrée chez elle, elle les empila dans son armoire. Et, le soir, elle dit à son mari :

— Tu désirais un nouveau cheval : tu peux en acheter, non pas un, mais quatre, mais dix, et davantage, car nous sommes riches.

— Comment cela ? s'informa-t-il, tout joyeux. Elle lui raconta son aventure. Mais le front du fermier aussitôt se rembrunit.

— Si tu tiens à ta vie, va vite reporter cet argent où tu l'as pris.

— Pourquoi ?

— Parce que, si tu ne t'en débarrasses pas, tu es vouée à mourir dans l'année.

Dès le lendemain matin, elle courut à la lande haute remettre les pièces d'or à leur place. Mais, peu de jours après, ayant eu besoin de prendre du linge dans son armoire, elle entendit un bruit d'argent : elle regarda et vit, avec stupeur, que c'était le trésor du mort qui était revenu.

— C'est bien ce que je craignais, lui dit son mari. Va trouver le recteur : peut-être te donnera-t-il un bon conseil.

Mais le recteur l'arrêta, dès les premiers mots de son histoire.

— Je ne puis rien pour vous, déclara-t-il. Vous avez délivré ce mort, et maintenant il faut qu'à bref délai vous preniez sa place. Préparez-vous donc à