Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/203

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toi, de ton côté, de ne pas dépasser l'heure sainte.

— Non, non. Tu peux être tranquille.

Il se mit à battre le fer avec ardeur, tout en sifflotant une chanson, comme c'était son habitude, quand il voulait se donner du cœur à l'ouvrage. Le temps s'use vite, lorsqu'on besogne ferme. Fanch ar Floc'h ne le sentit pas s'écouler. Puis, il faut croire que le bruit de son marteau sur l'enclume l'empêcha d'entendre la sonnerie lointaine des carillons de Noël, quoiqu'il eût ouvert tout exprès une des lucarnes de la forge. En tout cas, l'heure de l'Élévation était passée, qu'il travaillait encore. Tout à coup, la porte grinça sur ses gonds.

Étonné, Fanch ar Floc'h demeura, le marteau suspendu, et regarda qui entrait.

— Salut ! dit une voix stridente.

— Salut ! répondit Fanch.

Et il dévisagea le visiteur, mais sans réussir à distinguer ses traits que les larges bords rabattus d'un chapeau de feutre rejetaient dans l'ombre.

C'était un homme de haute taille, le dos un peu voûté, habillé à la mode ancienne, avec une veste à longues basques et des braies nouées au-dessus du genou. Il reprit, après un court silence :

— J'ai vu de la lumière chez vous, et je suis entré, car j'ai le plus pressant besoin de vos services.

— Sapristi! dit Fanch, vous tombez mal, car j'ai encore à finir de ferrer cette roue, et je ne veux pas, en bon chrétien, que la cloche de l'Élévation me surprenne au travail.

— Oh!