Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/217

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une autre voie que celle où l’avaient précédé ses père, grand-père, vieux-père (bisaïeul), doux-père (trisaïeul) et tous ses aïeux, de temps immémorial.

Ces chemins, désormais fréquentés par les seuls enterrements, reçurent le nom de chemins de la mort (hent ar Maro).

Malheur au propriétaire assez mal avisé pour vouloir interdire, sur ses terres, l’accès d’une de ces voies sacrées[1].

Dans la presqu’île de Crozon, le chemin de la mort s’appelle : hent corf (le chemin du corps). Il est défendu par la tradition d’y courir, ou d’y pousser des cris, ou d’y commettre des incongruités[2].

  1. Il ne manque pas d’endroits en Basse-Bretagne où ce genre de servitudes existe encore.
  2. En Irlande, la route que doivent suivre les enterrements n’est pas quelconque. En Connaught, on ne doit pas conduire un enterrement par un chemin direct (Deeney, Peasant lore from Gaelic Ireland, p. 77 ; cf. Haddon, A batch of Irish folklore ; Folklore, t. IV, p. 357). Dans le comté de Wicklow, à Castlemacadam, le convoi funèbre doit passer la rivière (G. H. Kinahan, Notes on Irish folklore ; The Folklore record, t. IV, p. 119). La raison en est sans doute la croyance répandue que les mauvais esprits ne peuvent passer l’eau (Cf. Curtin, Tales of the fairies, p. 194). Il est considéré comme irrespectueux pour les morts de prendre le plus court chemin quand on porte le cercueil à la tombe (lady Wilde, Ancient legends, p. 118, 213).

    En Écosse, on ne porte pas le cercueil en face du soleil ; on fait de longs circuits pour se rendre au cimetière (J. Frazer, Death and burial customs, Scotland ; The Folklore Journal, t. III, p. 281). En