Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/227

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me silence de la part de l'inconnu.

— Sacré Dié, se dit Fulupic, voici un personnage qui ne semble pas désireux de lier conversation. Une doit cependant pas s'être introduit ici pour voler, car, puisqu'il n'y a encore que le toit et les murs, je ne vois pas ce qu'il pourrait emporter. Je vais l'interpeller une troisième fois  ; s'il persiste à faire le muet, tant pis, je lui enfonce mon échelle dans le ventre : ça lui ouvrira peut-être la bouche, du même coup.

Et Fulupic de recommencer pour la troisième fois :

— Pion zo azéï

Et cette fois fut, en effet, la bonne, car l'homme mystérieux releva la tête qu'il avait jusqu'alors tenue obstinément baissée sur la poitrine, et, d'une voix caverneuse, il prononça :

— Da vestr ha mestr an holl, pa teuz c'hoant da glewed (Ton maître et le maître de tous, puisque tu désires le savoir).

La curiosité de Fulupic était plus que satisfaite. Dans le visage de l'homme, la place des yeux et celle du nez étaient vides, et la mâchoire inférieure pendait. Le couvreur ne se soucia pas d'avoir d'autres explications. Il planta là son échelle et se sauva de toute la vitesse de sesjambes : il avait reconnu l'Ànkou.

(Conté par Jobenn Daniel. — Plourailliau.)

XXX