Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/248

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Quelle-formule ? .

— Allez la demander à celle qui me l'a apprise... Ça n'est pas mon secret.

— Bref, vous avez voulu commettre un crime?

— Un crime, c'est tuer quelqu'un. Je n'ai pas tué : je n'ai fait qu'invoquer la mort.

— Oui... Eh bien ! ne recommencez pas. Celle pour qui vous l'avez invoquée, se porte à merveille, heureusement pour vous. Allez !

La jeune fille eût préféré être jetée en prison plutôt que de s'entendre dire que le maléfice n'avait pas produit son effet (na oa ket deut da vad). Elle en fit une maladie. La dame à qui elle en avait fut, de son côté, fort ennuyée du zèle de sa servante, car l'histoire courut la ville et les journaux la mirent par écrit.

(Communiqué par Joseph Le Coat. — Morlaix, 1896.) *

Il est un moyen encore plus infaillible de se débarrasser d'un ennemi. C'est d'aller uower(gwestla) celui que l'on hait à saint Yves-de-la-Vérité'.

1. La chapelle de Saint-Yves-de-la-Vérité. — En face du quai de Tréguier, de l'autre côté du Jaudy, sur une gracieuse éminence tapissée d'ajonc et de bruyère, s'élevait naguère une petite chapelle sous le vocable de saint Sul. Elle appartenait aux seigneurs du Verger, de la famille de Clisson, qui lui adjoignirent vers le xvme siècle un ossuaire en granit destiné à leur servir de sépulture familiale. La chapelle tomba en ruines, mais l'ossuaire lui survécut. On y entassa les statues de saints demeurées sans abri. Parmi elles se trouvaient deux images de saint Yves, dont l'une,