Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/25

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reprendre et se poursuivre au lendemain de la mort. Roget de Belloguet a tenté de prouver qu’il s’agissait de la lune[1] ; Henri Martin, lui, a mieux aimé se prononcer en faveur du soleil[2]. Tous deux, d’ailleurs, ont fait fausse route, pour n’avoir pas vérifié l’acception du mot orbisqui, comme l’a montré naguère M. Salomon Reinach[3], désigne, dans la langue de Lucain et des poètes de son époque, non le globe entier, mais seulement une région de la terre. Ce n’est pas dans une planète différente de la nôtre qu’il faut aller chercher l’élysée celtique. L’« autre monde » dont parle Lucain n’était pas situé hors de celui-ci. Les morts ne s’évadaient pas plus de la terre qu’ils ne s’évanouissaient dans ses profondeurs. Mourir, c’était simplement émigrer. Lorsque le guerrier gaulois qui, au IV° siècle avant notre ère, occupait avec son clan les provinces bataves actuelles, voyait les vagues déchaînées de la mer du Nord se ruer vers sa cabane pour l’engloutir, lui et les siens, impuissant à conjurer le péril, il revêtait son costume de bataille, puis, l’épée nue à la main, le bouclier au bras, sa famille serrée à ses côtés, il attendait sans défaillance l’instant suprême[4], assuré, cet instant


1. Ethnogénie gauloise, t. III, p. 187.

2. Cf. Ibid.,p. 184.

3. Revue celtique, t. XXII, p. 447-457.

4. Nicolas de Damas, fragm. 104 (Fragmenta historicorum graecorum, t. III, p. 457).

  1. Ethnogénie gauloise, t. III, p. 187.
  2. Cf. Ibid.,p. 184.
  3. Revue celtique, t. XXII, p. 447-457.
  4. Nicolas de Damas, fragm. 104 (Fragmenta historicorum graecorum, t. III, p. 457).