Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/257

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— Si fait : j'ai bien reconnu Hervé Bideau, le bourrelier.

— Oh! bien, c'est un malin... Tu peux faire une croix sur le fusil, car tu ne le reverras plus.

— Comment ça?... Pas plus tard que demain matin, de gré ou de force, je l'aurai.

— Non, car le bourrelier ira le déposer à la mairie, en disant qu'il t'a rencontré chassant avec, en temps prohibé. Tu attraperas un procès et une amende, voilà tout, et le fusil sera confisqué par les juges.

— On a le droit de se défendre contre les voleurs, peut-être I

— Comment prouveras-tu qu'il volait ? Où sont tes témoins?

— Malédiction de Dieu! s'écria mon frère, soit, je n'irai pas réclamer mon fusil, mais si, avant demain soir, à pareille heure, Bideau ne me l'a pas rapporté, eh bien! aussi vrai que je suis ici, je le fais vouer à saint Yves.

— Ne prononce pas de telles paroles, dit mon père, tu ne sais pas à quoi tu t'engages.

— Tant pis! Je n'en démordrai pas. Il faut qu'on sache où est le Droit et la Vérité !

Nous espérions que la nuit le calmerait. Mais, dès le lendemain matin, il était sur pied, aussi enragé que la veille.

— Où vas-tu ?

— Chercher Anna Bouz.

Cette Anna Bouz était une vieille pèlerine qui savait toutes les oraisons possibles pour rendre la vie aux gens et aussi pour la leur ôter. Elle demeurait à