Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/265

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et de la mer un objet ayant appartenu à l’homme qu’il s’agit de faire disparaître.

On cite nombre d’îliens qui ont disparu par l’effet de ces pratiqués. J’ai, par exemple, entendu raconter ceci : Deux frères s’étaient mortellement brouillés, à propos de succession et de partage. Un matin qu’ils prenaient la mer — et naturellement pas sur le même bateau —leurs femmes vinrent, selon l’usage de l’île, surveiller de la pointe du môle leur embarquement, de peur qu’ils ne restassent à se soûler dans quelque auberge. Or, comme elles étaient là, se défiant du regard, une d’elles dit à l’autre :

— Va donc plutôt voir chez toi si la couturière a fini détailler ta coiffe de veuve.

Et le mari, en effet, ne rentra jamais. Il avait dû sombrer à l’endroit même où il avait été voué.

(Conté par Cheffa, matrone à l’Ile de Sein, 1898.)