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XXXVIII

L'âme vue sous la forme d'une souris blanche

Quoique Ludo Garel ne fût que domestique, ce n'était pas le premier venu. Il avait sans cesse l'esprit occupé d'une foule de choses auxquelles ne pense généralement pas le vulgaire. Ses continuelles méditations l'avaient mené très loin. Il avouait lui-même qu'il possédait à peu près à fond tout ce qu'il est donné à un homme de connaître.

— Toutefois, ajoutait-il, il y a encore un point qui m'embarrasse et sur lequel je n'ai aucune lumière : c'est la séparation de l'âme d'avec le corps. Quand j'aurai éclairci ce point, il ne me restera plus rien à apprendre.

Son maître, un des derniers survivants de la noble maison du Quinquiz, avait en lui grande confiance, le sachant homme d'honneur et de bon conseil.

Un beau jour, il le manda à son cabinet.

— Mon pauvre Ludo, lui dit-il, je ne suis pas du tout à mon aise aujourd'hui. Je couve, je crois, quelque mauvaise maladie, et j'ai le pressentiment que je n'en réchapperai pas. Si encore mes affaires étaient en règle !... Ce maudit procès que j'ai à Rennes me donne bien du tourment. Voici près de deux ans qu'il traîne. Si du moins je le voyais se terminer à mon avantage,