Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/282

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Le mort dans l'arbre

Jean-René Brélivet, cultivateur à Trégarvan, dit un matin à sa femme :

— Les vents ont tourné à la pluie. Si je ne ramasse pas aujourd'hui le chanvre, il risque d'être mouillé. Je ne pourrai donc pas aller à l'enterrement de François Quenquis : tu y assisteras à ma place. N'oublie pas que l'office est pour neuf heures.

— Bien, lui répondit sa femme : je vais me préparer.

Ce François Quenquis était un voisin à eux et un peu leur parent, décédé de l'avant-veille.

Arrivé dans la chènevière dont un talus était mitoyen du verger de François Quenquis, Jean-René Brélivet se mit au travail, non sans une pensée de regret, toutefois, pour celui qu'on s'apprêtait à porter en terre et avec lequel il avait toujours entretenu les meilleurs rapports.

— La vie de l'homme est peu de chose, songeait-il, en rassemblant par monceaux les tiges du chanvre séché.

Vers neuf heures, comme le glas commençait à tinter à l'église du bourg, il s'arrêta un instant de travailler et regarda dans la direction de la ferme du mort, cherchant s'il apercevrait le convoi. Or, quelle