Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/315

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plus en plus vite, entre l'armoire et le mur, les heurtant à tour de rôle.

Quand il heurtait l'armoire, on entendait : doc.

Quand il heurtait le mur, on entendait : die.

On eût dit le balancier d'une horloge, ou mieux le battant d'une cloche sonnant un glas.

Ce dic-a-doc ! dic-a-doc ! durait quelquefois une demi-heure.

Nous devenions pâles de terreur.

Mais le beau-père prononçait de sa voix tranquille :

— Ne faites pas attention! c'est tout simplement qu'une noz-veil est proche.

(Conté par René Alain. — Quimper, 1887.) * *

Autrefois, sitôt que le moribond avait trépassé, la ménagère se mettait à confectionner des crêpes pour la médianoche de la veillée à laquelle parents, amis, voisins devaient prendre part, au moins à raison d'une personne par « feu ». J'ai vu de ces veillées funèbres où il y avait jusqu'à cinquante assistants, et quelquefois davantage.

D'heure en heure se succédaient les grâces, c'està-dire les prières en commun, où luttaient et rivalisaient d'émulation les personnes réputées pour avoir le répertoire le plus riche en oraisons, en traductions bretonnes des hymnes et des psaumes de l'Église. II y en avait, de ces récitations, qui duraient plus d'une demi-heuresansdésemparer,et c'était àqui débiterait sur le