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La porte ouverte

Ceci se passait à Lescadou, dans le vieux manoir de ce nom, sur les confins de Penvénan et de Plouguiel.

On y veillait le maître de maison, un certain Le Grand, mort dans la journée. La veillée comprenait d'abord les domestiques, hommes et femmes, puis quelques voisins et voisines qui étaient venus s'offrir, selon l'usage.

L'agonie de Le Grand avait élé accompagnée de singulières choses. Pendant qu'il mourait, la chienne s'était mise à se démener dans sa niche, en poussant d'effroyables hurlements. Quand on alla à elle, pour l'apaiser, on la trouva en proie aux flammes, la chair à demi-rôtie, et puant une odeur d'enfer.

Elle expira, comme son maître rendait le dernier soupir. On vit en cela une étrange coïncidence.

A peine l'homme et l'animal furent-ils trépassés qu'il s'éleva un orage extraordinaire1. Un mulon de paille qui était dans la cour fut transporté par la violence de la bourrasque à près de deux cents mètres

1. En Ëcosse, lorsqu'un ouragan éclate sur la tombe encore ouverte, c'est que le défunt a eu une vie mauvaise ou a conclu un pacte avec Satan (W. Gregor, Notes on the folklore of the NorthEast of Scotland, p. 214).