Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/334

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sance ou un décès, ou de faire quelque commission que ce fût, jamais il ne disait non. A toute heure du jour ou de la nuit, il partait. Constamment, soit pour l'un, soit pour l'autre, il était sur les routes du Cap1. Personne n'était meilleur marcheur que lui, et il n'y avait pas non plus de messager plus sûr ni plus discret. Avec lui, on pouvait être tranquille : il n'oubliait rien de ce qui lui avait été recommandé et accomplissait ponctuellement chaque chose. Sa probité aussi était sans pareille. On ne courait aucun risque à lui confier n'importe quoi, et même de l'argent. Ce n'est pas lui qu'on aurait vu s'arrêter à boire dans toutes les auberges, et se soûler, et perdre ses commissions dans les douves des chemins, comme font tant d'autres. Jamais non plus il ne prenait pour ses courses plus qu'il ne lui était dû. Bref, il était honnête en tout ce qui regardait son métier. A cause de cela, prions Dieu qu'il lui donne sa part de paradis (lod ar baradoz). »

Souvent l'oratrice ou, comme on dit communément, \&prêcheuse, prend à témoin l'assistance de la véracité de ses dires. Ou bien c'est l'assistance qui, d'ellemême, spontanément, intervient pour corroborer les affirmations de la prêcheuse :

— Cela est vrai... C'est la pure vérité.

Non pas que ces rustiques oraisons funèbres ne soient un peu comme tous les panégyriques de ce genre : il serait excessif de croire qu'elles brillent toujours parla sincérité.

1. La région du Cap-Sizun, d'Audierne à la Pointe du Raa.

— Red ê