Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/336

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retourna pour voir qui était là et fut tout saisi de reconnaître le mort qui le regardait avec des prunelles rouges et qui murmurait en ricanant :

— Te greuvô ivè, kéréer! (Toi aussi, tu crèveras, cordonnier).

Pareille scène se renouvela le lendemain, et encore les jours suivants. Le cordonnier transporta son atelier dans une autre pièce. Peine perdue. Le spectre était toujours debout derrière lui. Alors, le cordonnier, pour fuir cette obsession, finit par délaisser son ouvrage, se mit à courir les cabarets, de désespoir, et mourut, au bout de quelques mois, de la même mort que celui dont il avait médit '.

(Communiqué par Henri Coudray. — Coray, 1894.)

A Saint-Pol-de-Léon, les décès sont annoncés de la façon suivaute :

Quatre veuves de l'Hospice, s'il s'agit d'une femme, quatre vieillards, s'il s'agit [à'an homme, précédés, dans l'un et l'autre cas, de deux orphelins, pieds nus, parcourent les rues de la ville, en faisant tinter des clochettes. De place en place, la troupe s'arrête, les clochettes se taisent, et l'un des enfants glapit :

Rccommandi a rer d'ho pédennou mad ann hini a zo bét héman pe hennont, maro hiriè hag a vo inler

1. C'est une aussi grande faute de dire un mensonge sur des morts que dix mensonges sur des vivants (Curtin, Taies of the fairies, p. 55. Voir ch. xix, Il ne faut pas médire des morts).

ret varchoaz...