Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/353

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— Je le sais. Il est venu pour entendre la liste des morts de la prochaine année.

— Qu’il l’entende donc !

— Qu’il sache que le premier de la liste n’a plus à vivre que deux minutes !

— Qu’il sache que le premier de la liste a nom louennic Bolloc’h !

Les deux voix se croisaient à travers la nuit, rapides, sifflantes. Chacun des mots qu’elles proféraient entrait comme un fer froid dans les oreilles du pauvre mendiant. A peine son nom eut-il été prononcé qu’il rendit l’âme. On trouva le lendemain son cadavre raidi. On crut qu’il avait eu le sang gelé par la grande fraîcheur de la nuit et on l’enterra à l’endroit même où il était trépassé.

(Conté par Jean Cloarec. — Laz, Finistère, 1890.)