Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/366

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La servante de se récrier aussitôt. Elle ne se souciait probablement pas d'avoir encore à dresser un lit, avant de gagner le sien.

— Je voudrais bien voir pareille chose ! dit-elle, sur un ton de moquerie acerbe. Comment ! vous êtes à deux, vous êtes l'un et l'autre à la fleur de l'âge, vous avez la mine prospère, le poing robuste, et vous n'osez voyager de nuit I... En vérité, vous avez eu, jusqu'à ce jour, la réputation d'être les plus fiers du pays à la lutte, mais je vois bien maintenant que vous n'en avez que la réputation.

— A la lutte, repartit Jacques, on se mesure avec des vivants. Ceux-là, je ne les crains pas.

— C'est donc des morts que vous avez peur  ? Vous nous la baillez belle ! Soyez tranquilles ! Les morts sont bien où ils sont. Ce n'est pas eux qui viendront vous chercher chicane.

— Cela s'est vu plus d'une fois, dit Fanch.

— Oui, dans les histoires de commères !

— Ne parlez pas ainsi, Katic, prononça la cabaretière, que l'incrédulité de sa servante scandalisait. Vous nous porteriez malheur.

— Moi, reprit la jeune fille, grâce à Dieu, je n'ai pas de ces peurs stupides. Je marcherais dans un cimetière avec autant d'assurance que sur un grand chemin, et à toute heure de nuit aussi bien que de jour.

Les deux jeunes hommes s'exclamèrent d'une commune voix :

— Cela se dit, mais quand il s'agit de le faire!...

— Tout de suite, si vous voulez ! riposta Katic dont