Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/375

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jadis la réputation d'être de fines danseuses de nuit. Est-ce qu'elles se coucheraient maintenant avec les poules?

— Gars, tu en as menti, repartit le fils aîné du Guern, car en voici une, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, qui dansent, ma foi, fort gentiment au claii de lune !

Il montrait du doigt, dans l'enclos du cimetière qui surplombait la route, des formes noires qui semblaient, en effet, onduler doucement comme des Bre« tonnes en danse.

— Hé! lui dit un de ses frères, ce que tu prends pour des danseuses, ce sont les croix des tombes. Tu ne les vois bouger que parce que tu titubes.

— A moins que ce ne soient des touffes de cyprès qui se balancent sur des sépultures de nobles, dit un autre.

— C'est ce que nous allons savoir! hurla le fils aîné du Guern, en se précipitant sur les marches de l'échalier qu'il enjamba d'un bond.

Quand il reparut, un instant après, il froissait une coiffe blanche dans la main.

— Qui est-ce qui avait raison ? clama-t-il... seulement, voilà : l'occasion est perdue  ; les jolis oiseaux de nuit se sont envolés.

Ce disant, il fourrait la coiffe dans sa poche. Tout le long de la route, ensuite, on l'entendit qu se répétait à lui-même :

— Petite coiffe de toile fine, qu'il était donc gracieux, le visage que tuencadrais !... La jolie fille, en vérité !... Je ne souhaite qu'une chose : c'est qu'elle vienne te réclamer au Guern.