Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/377

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Mais, à ce moment, les mâchoires s'entr'ouvrirent hideusement, et l'on entendit une voix qui ricanait :

— J'ai fait selon ton désir, jeune homme : je suis venue au Guern te réclamer ma coiffe. Ce n'est pas ma faute si tu as changé d'avis, depuis hier.

Je vous promets que le fils aîué du Guern ne riait plus, et que la colère lui avait passé, comme s'abat un coup de vent, quand la pluie crève.

Sa mère, qui se tenait derrière lui, le prit parla manche de sa veste.

— Jozon, murmura-t-elle, lu t'es comporté comme un fripon. Tu vas, s'il te plaît, te rendre de ce pas au presbytère. Il n'y a que le vieux recteur qui puisse arranger tout ceci.

Le jeune homme ne se le fit pas dire deux fois. Il n'était que trop pressé de sortir de ce mauvais pas.

Une demi-heure après, il amenait le recteur. Le digne prêtre esquissa quelques signes de croix, marmonna quelques paroles latines, puis, prenant la tête de mort, il la mit entre les mains du jeune homme.

— Tu vas, commanda-t-il, la rapporter au charnier

tière. Sur la route, il rencontre un mort qui lui apprend que c'est sa tête qu'il a trouvée et que s'il l'avait gardée, il lui serait arrivé malheur (Larminie, West-Irish folktales and romances, p. 31-32). Dans une légende bretonne (P. Y. Sébillot, Contes et légendes du pays de Gouarec, Revue de Bretagne, de Vendée et d'Anjou, t. XV111, p. 60-61), un homme qui avait enlevé dans le cimetière une tête de mort et qui l'avait emportée chez lui, est bientôt obligé de la reporter à l'endroit où il l'avait prise : la tête ne cessait de crier et ne lui laissait aucun repos. Au milieu des tombes, il est assailli par des esprits invisibles qui le battent rudement.

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